Le Moulin Brûlé ou moulin de Bonival
Je me trouve placé à la lisière d'un très joli parc, facile d'accès
puisqu'on peut me voir du chemin n° 42 dit "du Moulin Brûlé" qui
prend directement sur la grand-route.
C'est la propriété de M. Philippe Jacques (auprès duquel j'excuse le Grand
Moulin de Brueil d'avoir mal orthographié le nom de la famille). Non loin de
moi se trouve un séquoïa âgé de 115 ans (*), de 44 m. de hauteur et de 8,30
m. de circonférence au pied. Je suis bien gardé.
Les premiers renseignements indiquent qu'en 1846 j'étais la propriété du
sieur Dubois. Ma roue était, à l'époque, d'un diamètre de 2,40 m. En 1852,
on y trouve la présence du meunier Jules Victor Visbecq puisque, le 2 août de
cette année, il y
déclara la naissance de sa fille Augustine. Le moulin fut
reconverti (et sans doute la roue modifiée) en atelier de petite mécanique :
chaînes de montres, coupe-cigares, tire-bouchons notamment. En 1860, sous
l'administration de Louis Napoléon Bonaparte, le Sieur Prévost est autorisé
à exploiter le moulin. En 1863, le terrain du parc actuel devient la
propriété de M. Gesson. C'est en 1866 que je trouve la trace officielle de M.
Gesson, mon nouveau propriétaire, qui est le grand-père de Mme Bernier,
épouse de M. Philippe Jacques.
Il apparaît que le moulin fut ensuite désaffecté. C'est en 1908 que la
chute d'eau de 5 m a été utilisée pour faire tourner une turbine afin
d'alimenter la propriété en électricité. La turbine s'encrassait vite par le
calcaire et fournissait de moins en moins de courant. Il s'est avéré par la
suite que la roue de 4,90 m de diamètre et à augets, installée à la place en
1956, fournissait, par l'intermédiaire d'une dynamo, un courant continu de 30
ampères en 110 volts et ce en utilisant la moitié du débit d'eau. Ce qui
était plus rentable que la turbine, e elle ne s'encrassait pas.
J'ai fini d'assurer le chauffage et l'éclairage de la propriété en 1973
parce que l'axe de ma roue s'est détérioré (le moyeu en fonte s'tant fendu).
Avant de vous quitter, il faut que je vous signale que, pendant la dernière
guerre, quand les bombardements nous ont privés de courant électrique pendant
de nombreux jours, moi, mon courant
d'eau n'était pas coupé... Et, la nuit,
malgré la présence des Allemands, nombreux étaient ceux qui venaient écouter
"Les Français parlent aux Français".
(*) M. Wolff a écrit ceci avant 1979
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